La France peut-elle gagner hors du terrain après sa Coupe du Monde de rugby?

Quatre ans après le Japon, la France a accueilli à son tour la Coupe du monde masculine de rugby. Après une élimination précoce, le public français a vu les autres équipes poursuivre l’aventure – mais celui-ci espère aussi que la compétition en elle-même sera une réussite économique.  

Les événements sportifs de grande envergure attirent de nombreux touristes qui viennent dépenser leur argent dans le pays hôte. A moins d’une année des Jeux olympiques de Paris, la France a sans doute beaucoup à apprendre de la compétition en cours. Voyons un peu quelle est l’incidence de la Coupe du monde sur le tourisme dans l’Hexagone. 

LA COUPE DU MONDE DE RUGBY PEUT ATTIRER DE NOMBREUX TOURISTES 

Qui dit grand événement, dit gros sous. Les pays hôtes consacrent des milliards aux infrastructures, aux transports et à la sécurité, entre autres, en en escomptant des retombées positives grâce notamment à l’afflux de touristes et aux dépenses que ceux-ci vont effectuer sur leur territoire. D’ailleurs, lors de la dernière Coupe du monde masculine de rugby, au Japon, quelques 1,84 million de billets avaient été vendus et 242 000 visiteurs étrangers avaient fait le déplacement. La plupart de ces inconditionnels du ballon ovale se rendaient au pays du Soleil‑Levant pour la première fois, et leur séjour sur place a duré, en moyenne, 16 jours. 

L’Angleterre et le Pays de Galles, pays hôtes de la dernière Coupe du monde organisée sur le continent européen, en 2015, ont accueilli encore plus de touristes internationaux, puisqu’on estime que 406 000 personnes ont franchi leurs frontières pour l’occasion, avec toutefois une durée de séjour inférieure à celle relevée dans le cas du Japon. La France se prépare à recevoir encore plus de monde cette année. D’après le quotidien Le Monde, elle n’attend pas moins de 600 000 touristes étrangers, soit moitié plus qu’en 2015 et près de deux fois le nombre de visiteurs reçus en 2007, année où elle avait déjà organisé la compétition. 

UNE AUBAINE POUR LE TOURISME RÉGIONAL 

Les retombées de la Coupe du monde de rugby 2023 se matérialiseront dans tout le pays. Ce sont en effet 48 matchs qui doivent voir lieu dans 10 villes différentes au cours des 6 semaines que durera la compétition ; qui plus est, les équipes participantes sont établies dans 20 camps de base répartis dans 9 régions françaises.

Le calcul de l’impulsion globale donnée au tourisme peut se révéler difficile, car il suppose un ajustement compte tenu de l’activité qui aurait existé même si la Coupe du monde n’avait pas eu lieu, mais aussi des visiteurs qui ont renoncé à venir à cause de cette dernière ou même des activités qui n’ont pu se tenir, ou qui ont été reportées, pour les mêmes raisons.

Cependant, malgré ces difficultés, les pays hôtes sont de plus en plus conscients des bénéfices qu’offrent ces événements à long terme sur le  tourisme, et planifient en conséquence. ’Cela leur permet notamment de mettre en valeur différentes régions et d’encourager les touristes à se rendre dans des endroits moins fréquentés. Ceci peut s’avérer particulièrement pertinent pour la France, qui cherche à réduire le “surtourisme” dans la capitale.

GÉRER LA FERVEUR 

L’accueil d’événements sportifs de grande envergure présente à la fois des avantages et des inconvénients pour les collectivités locales. L’afflux soudain de visiteurs, s’il n’est pas canalisé correctement peut créer des problèmes de saturation, comporter des risques pour la sûreté et la sécurité, entraîner des retards dans les transports, des actes de vandalisme, des nuisances sonores et de la pollution. S’y ajoutent des conséquences environnementales, les grandes manifestations de ce genre ayant parfois une empreinte carbone considérable. Les organisateurs de la Coupe du monde de rugby estiment que les déplacements de supporters étrangers à l’occasion de la compétition entraîneront le rejet de quelque 350 000 tonnes de CO2. D’importantes quantités de déchets seront par ailleurs produites. 

D’un autre point de vue, il est également possible de tirer parti des grands événements pour maximiser les retombées économiques et sociales, à condition que ces grands événements s’articulent avec des programmes d’action plus généraux. En 2023, 83 % des déplacements des équipes entre les différents stades s’effectueront en train et non en avion – ce qui incitera les supporters à en faire autant et pourrait en encourager plus d’un à privilégier désormais des modes de transport plus verts. 

L’EFFET PEUT-IL DURER ? 

La France – et ses villes – nourrissant l’espoir que les férus de sport reviendront et soutiendront ainsi le tourisme dans la durée, s’attache donc à promouvoir son offre de manière plus large, notamment par des stratégies de valorisation des villes et par de nouveaux partenariats. Des études tendent à montrer que la Coupe du monde de rugby 2011, en Nouvelle-Zélande, a, par exemple, resserré la collaboration entre les organismes du tourisme locaux des différentes régions. La compétition de cette année offre aux régions et aux villes françaises une occasion sans pareille de mettre en avant leur identité et leur culture en marge des rencontres sportives, afin de donner aux touristes l’envie d’un nouveau séjour.  

Ce sont finalement les Springboks d’Afrique du Sud qui ont soulevé le Trophée William Webb Ellis le 28 octobre au Stade de France. Mais pour la France, cette compétition pourrait bien avoir des effets durables… malgré la défaite.


À travers ses travaux sur les événements mondiaux, l’OCDE indique comment tirer le meilleur parti des grandes manifestations sportives dans l’intérêt du développement local. 

Pour en savoir plus au sujet des travaux de l’OCDE sur le tourisme : cliquez ici

Cet article est également disponible en Anglais.

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Alix Philouze is working for the OECD Centre for Entrepreneurship, SMEs, Regions and Cities Communications Team. She holds an undergraduate degree in European Studies from Trinity College, Dublin.

Policy Analyst at OECD Centre for Entrepreneurship, SMEs, Regions and Cities (CFE) | Website | + posts

Martha Bloom is a policy analyst/economist at the OECD. She specialises in cultural and creative industries policy, with a particular focus on social and economic impact measurement, labour market dynamics and innovation. She also leads the OECD work on global events and local development. Prior to joining the OECD, Martha worked for the UK Creative Industries Policy and Evidence Centre (PEC) and had a varied career in the arts sector. She holds an BA in Theatre Studies, an MSc in Project Management and Innovation, and a PhD in Technology and Innovation Management, where her thesis examined skills and innovation in the UK creative industries.