Les jeunes ont été fortement affectés par la pandémie et il est devenu manifeste que l’ensemble des acteurs publics et privés doivent se mobiliser pour éviter qu’ils ne deviennent une génération sacrifiée. Les jeunes sont 2.5 fois plus susceptibles d’être au chômage que les personnes âgées de 25 à 64 ans. Leur revenu disponible est inférieur à celui des jeunes générations précédentes, et ils ont également plus de mal à se loger et sont davantage exposés aux emplois précaires. Les données de l’OCDE montrent qu’en moyenne, dans l’ensemble de ses pays membres, 1 jeune sur 10 âgé de 15 à 24 ans n’était ni scolarisé, ni en formation, ni pourvu d’un emploi en 2019 et 2020, ce qui représente un coût économique de l’ordre de 0.9 % à 1.5 % du PIB de la zone OCDE.
C’est en mobilisant les acteurs et les talents de la société civile, aux côtés et en complémentarité des gouvernements et des collectivités publiques, que nous pourrons relever ensemble ces formidables défis que représentent aujourd’hui l’emploi et l’émancipation des jeunes, l’égalité femme-hommes, la transition écologique ou encore l’avenir de l’entreprise.
Notre expérience française contribue au partage des bonnes pratiques et à la convergence de vue et d’action. J’ai voulu traduire cette urgence et cette ambition dans une dynamique d’action en lançant en mars 2021 un appel à la mobilisation collective au service des jeunes (#YouthFuture), auquel se sont jointes 162 personnalités du monde de l’entreprise, de la culture ou du sport. C’est un appel qui impliquait la mobilisation de toutes les bonnes volontés et proposait d’organiser dans les prochains mois des États généraux de la jeunesse sur tous les territoires en France et en Europe. Avec cette mobilisation, notre objectif était de redonner un cap aux jeunes entre 18 et 30 ans, et d’élaborer avec, par, et pour les jeunes, un projet de “plan Marshall” pour la jeunesse, qu’ils soient étudiants, lycéens apprentis, alternants, jeunes professionnels, jeunes en insertion, stagiaires, demandeurs d’emplois, urbains ou ruraux, et dans toutes les dimensions de la vie. Nous avons également mené une enquête à large échelle auprès des jeunes, qui a permis de constater que 2 jeunes sur 3 ne se projetaient plus dans l’avenir, fait dramatique pour leur épanouissement, et pour la cohésion sociale comme pour l’économie. En outre, la vie sociale, éducative, sanitaire, professionnelle et financière des jeunes filles s’est révélée être beaucoup plus pénalisée encore que celle des jeunes hommes en période de crise.
Ces propositions d’action de la société civile s’inscrivent dans la continuité de mon action au gouvernement quand, alors Ministre du travail, j’ai conduit une réforme systémique de l’apprentissage. Notre loi “Pour la liberté de choisir son avenir professionnel” en 2018 a transformé les modalités en en levant les freins pédagogiques, juridiques et financiers, et en renforçant l’attractivité de cette voie de formation comme une voie de passion, d’excellence et d’avenir pour les jeunes de 16 à 30 ans, et de construction des compétences avec et pour les entreprises.
Porté par cette réforme et par le soutien financier du Plan « 1 jeune, 1 solution », lancé par le gouvernement français pour aider les jeunes dans la crise, l’apprentissage a connu une hausse de plus de 50% sur 2019 et 2020 cumulés. En 2020 la France a passé, pour la première fois, la barre des 500 000 nouveaux contrats d’apprentissage, soit près de 800 000 apprentis en cours de formation. Une année historique malgré la crise. Cet accroissement témoigne d’une réelle mobilisation des entreprises, encouragées en outre à recruter des apprentis grâce à l’aide du plan « 1 jeune, 1 solution » qui prévoit une prime pour l’embauche de chaque apprenti, ce qui a joué un rôle déterminant pour permettre aux TPE-PME de maintenir leur engagement dans l’apprentissage pendant la crise. Elles représentent plus des 3/4 des contrats signés.
Je suis heureuse de constater aujourd’hui que nos initiatives récentes ont porté leurs fruits et ont même suscité de nouveaux engagements comme en témoigne la récente tribune publiée en France par plus 100 dirigeants d’entreprise qui se mobilisent, aux côtés du gouvernement, en faveur du mentorat des jeunes et se disent prêtes à leur apporter des conseils sur leurs études, les codes de l’entreprise ou l’accès à leur premier emploi.
Toutes ces initiatives sont complémentaires, et convergent pour que les acteurs publics et privés s’allient afin de se tenir aux côtés de jeunes, à leur écoute, en soutien, et leur permettent de se projeter dans l’avenir.
L’OCDE, avec les États et les entreprises, a pris et continuera de prendre toute sa part sur ce sujet prioritaire qu’est l’avenir de notre jeunesse pour nos sociétés. L’initiative « StandByYouth » lancée le 8 juillet en faveur de la jeunesse et initiée par l’OCDE en lien avec des entreprises engagées vient à point nommé pour accompagner la sortie de crise sanitaire que nous appelons tous de nos vœux. Cette initiative s’inscrit dans l’élan donné lors de la dernière réunion des ministres de l’OCDE les 31 mai et 1er juin derniers, qui permet la réactualisation du plan d’action pour la jeunesse. Il se poursuivra lors du second semestre 2021 avec la réunion ministérielle début octobre et de nouvelles initiatives lancées en direction de la jeunesse sur le plan de la formation et de l’emploi.
La mobilisation conjointe de l’OCDE et des entreprises, quelles que soient leur taille, grandes, moyennes ou petites, a pour objectif de dépasser le strict cadre d’une réponse conjoncturelle mais bien plutôt à jeter les bases d’un nouveau modèle de relation entre les jeunes, les entreprises et les acteurs de la gouvernance publique et mondiale. C’est une ambition importante: repenser l’avenir du travail et imaginer des modes d’organisation plus inclusifs et plus durables, associer les jeunes à la gouvernance et à la construction des solutions de demain.
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De mai 2017 à juillet 2020, Muriel Pénicaud a été Ministre du Travail en France. Elle a dirigé plusieurs réformes structurelles qui ont largement contribué à faire décroitre le chômage en France : la réforme du code du travail «Ordonnances Travail » (2017), la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » pour l’apprentissage, la formation professionnelle et l’égalité professionnelle femmes-hommes (2018), l’insertion par l’activité économique pour les personnes vulnérables, et le système de chômage partiel pendant la crise de la COVID-19. Elle a été fortement impliquée dans la négociation de directives européennes, notamment celle sur les travailleurs détachés. En 2019, elle a présidé le « G7 social » des Ministres du travail, qui a abouti à une déclaration tripartite entre les pays du G7 et les organisations patronales et syndicales, visant à renforcer la protection sociale pour tous dans le monde.
De 2014 à 2017, Muriel Pénicaud a été Ambassadrice déléguée aux investissements internationaux et a dirigé l’agence Business France pour le développement international de l'économie française, chargée de la promotion de l’attractivité de la France, de la prospection des investissements internationaux, et de l'accompagnement des PME et ETI françaises à l'export. Elle a conduit la fusion des agences AFII et UbiFrance qui a donné naissance à Business France.
De 2008 à 2014, Muriel Pénicaud a été Directrice Générale des Ressources Humaines du Groupe Danone dont elle était membre du Comité exécutif, et Présidente du conseil d’administration du Fonds Danone Ecosystème. Elle a occupé divers postes de direction chez Danone entre 1993 et 2002. Elle a créé et produit le programme « EVE » pour le développement du Leadership des Femmes, et créé le programme « Dan’Cares » instaurant une protection sociale pour tous les salariés dans le monde.
De 2002 à 2008, elle a été Directrice générale adjointe, en charge de l’organisation, des ressources humaines et du développement durable et membre du comité exécutif de Dassault Systèmes, leader mondial dans la technologie 3 D.
Muriel Pénicaud a commencé sa carrière comme administratrice territoriale (1976-1980) puis comme directrice de deux associations à but non lucratif (1981-1985).
De 1985 à 1993 elle a occupé divers postes de direction au Ministère du Travail, et a été Conseillère auprès du Ministre de 1991 à 1993. De 1993 à 2002, elle a tenu plusieurs fonctions de direction internationales dans les ressources humaines du groupe Danone.
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